GOOD MORNING N°42 - DIMANCHE 18 JUILLET 2004


 

Au moment de clôturer ce GM42 nous apprenons le décès de la mère de notre camarade Pierre O.
Le GM et ses animateurs expriment à Pierre et à sa famille leurs sincères condoléances.

 

Voici le temps des vacances et de l’inutile nécessaire. Nous vous souhaitons de très beaux moments de détente et vous invitons à faire ce que bon vous semble et pourquoi pas à vous replonger dans le poème de Nguyen Du. Dans ce GM42 deux textes lui sont consacrés.

Les manifestations culturelles de l’ancienne capitale impériale, Hue, les jeux olympiques d’Athènes régalent les yeux et réconcilient les hommes. Il ne manquait plus que quelques nourritures terrestres : les voici sur les trottoirs de notre pays.

Il est toujours aussi agréable de savourer sur nos pages le talent de Nguyen The Tai : son camarade d’études, notre frère Nguyen ba Khiem, nous a demandé de lui passer le bonjour et c’est chose faite.

Enfin, revenez-nous bien vite et encore bonnes vacances ; notre prochain rendez-vous sera pour septembre, juste avant le Grand Gala AEJJR (pensez à réserver dès maintenant pour être sûr d'avoir une place) ; oui … I DO REMEMBER THIS TIME OF SEPTEMBER…


 

 

Kiều, le paradoxe

  

 L’œuvre majeure de la littérature vietnamienne est un paradoxe dans sa forme et dans son fond ; serait-ce l’image de son auteur lui-même, Nguyễn Du ?

 

 Chaque Vietnamien, qu’il soit analphabète ou fin lettré, indigent ou richissime, cultivateur ou capitaine d’industrie, a fait et fait toujours verbalement référence à ce poème dans sa vie de tous les jours sans avoir conscience du fait. Certains vers sont devenus dictons, proverbes populaires ; certains noms des personnages sont présents dans le lexique de la langue courante. A contrario, certains passages du texte sont des classiques, commentés et appris par des générations d’élèves (en cours de Vietnamien, aussi à JJR). Au demeurant, l’œuvre fait encore l’objet de travaux et de recherches très savants.

 

Le titre initial de l’œuvre, Đoạn-Trường Tân-Thanh fait maintenant figure de relique et laisse la place au Kim Vân Kiều populaire et pratique en ce sens qu’il énumère dans un ordre tout à fait aléatoire les noms des trois personnages qui, à l’exception de Kiều, sont tout à fait secondaires. Ainsi se devine le paradoxe central de ce texte qui ressemblerait, à notre sens à la richesse et à l’ambiguïté liées au personnage de son auteur, le très grand septième fils du Hoàng-giáp Xuân-quận-công Nguyễn-Nghiễm et neveu de Nguyễn-Huệ. C’est dire que la famille comptait d’illustres mandarins sous le règne des Lê qu’elle a servis loyalement et dans les charges les plus élevées.

Nguyễn khác Viện écrivait magistralement dans ses Etudes Vietnamiennes, numéro 4 :

« Le drame de Nguyễn Du fut celui d’une époque secouée de violentes convulsions mais sans perspectives ; c’était le drame d’un homme dont les idées entraient en contradiction avec les aspirations de son cœur.

Tout au long de l’œuvre, court cette contradiction souvent poignante entre la sensibilité d’un artiste dont le cœur vibre profondément avec toutes les réalités humaines, sociales et la stérile méditation d’un métaphysicien obnubilé par les notions de karma et de destin ».

Si Flaubert a pu dire « Madame Bovary, c’est moi », il ne serait pas étonnant d’entendre Nguyễn Du proférer « Kiều, c’est moi » ; seulement, il ne pouvait pas le dire.

 

« L’histoire de Thúy-Kiều », tel est le titre que Bùi Kỷ et Trần trọng Kim se sont résolus à inscrire sur leur livre paru aux éditions de l’Institut de l’Asie du Sud-Est consacré à ce poème qu’ils ont remarquablement étudié et d’où votre serviteur a puisé des informations précieuses surtout en matière d’études chinoises sans lesquelles le texte échappe à toute lecture approfondie ; cependant, les auteurs cités ont eu la prudence de mettre entre parenthèses le titre initial donné par Nguyễn Du à savoir Đoạn-Trường Tân-Thanh sous le titre Truyện Thúy-Kiều. Ce choix ne nous semble pas anecdotique car, comme l’ont parfaitement fait remarquer les auteurs eux-mêmes dans la préface, Nguyễn Du a profité du malheureux destin de Kiều pour exprimer sa propre souffrance et son mal être.

 

Le texte du Kìều est d’une très grande densité et pour celui qui, comme nous tous d’ailleurs, n’est pas familier des lettres chinoises classiques, il présente beaucoup de difficultés, ne serait-ce que par ses nombreuses références à la culture chinoise ancienne. Et pourtant, nous y avions fait allusion, il n’est pas nécessaire d’être fin lettré pour s’émouvoir du sort de Thúy-Kiều. Ce texte permet donc plusieurs niveaux de lecture et parvient à ce paradoxe d’être à la portée de tout un chacun : il est populaire dans toutes ses dimensions : culturelle, sociale, religieuse et philosophique ; chacun y trouve son compte et tout le monde y puise les motifs de son émotion.

 

La morale confucéenne et l’enseignement du boudhisme sont omniprésents avec tout ce qu’ils renferment de rigueur et de fatalité ; mais c’est également un chant d’amour avec son côté romantique et son versant charnel. Piété filiale, fidélité et pureté côtoient faiblesses de la chair, passion des sentiments et crudités des situations amoureuses ; les réflexions du texte « parler de sexe sans le dire » se situent dans ce second paradoxe . Il suffit de regarder attentivement la traduction en Français de la scène de la défloraison de Kiều par Mã giám Sinh pour se convaincre de l’impact de la fonction érotique sur le lecteur, tant il est vrai qu’entre érotisme et pornographie le pas risque d’être rapidement franchi. Jamais Ngyễn Du n’a recouru à la langue vulgaire (i.e  pornographique) et paradoxalement, jamais puissance érotique n’a atteint pareil niveau dans la littérature classique vietnamienne. Nous nous sommes bien gardés de faire des citations mais notre propos arrive ici au nœud de l’affaire ; alors relisons ensemble cette description de Kiều au bain :

                               

                                 Rõ màu trong ngọc trắng ngà,

                                Dày dày sẵn đúc một tòa thiên nhiên.    

 

Le spectacle d’un modelé parfait ne laisserait indifférent aucun homme ; certains ont commenté ces vers avec beaucoup de finesse ; malheureusement d’autres n’ont pas réussi à en saisir la beauté émotionnelle en parlant d’une activité triviale s’agissant du bain de Thúy-Kiều .

 

Ce n’est pas, croyons-nous, une question de culture.

 

Puisque le poème se prête à toute lecture, qu’elle soit savante et donc teintée d’érudition ou simplement populaire, nous sommes curieux de porter l’interrogation sur les pages de notre GM. L’idée d’une relecture commune de l’oeuvre nous semble être une occasion donnée à nous tous de nous réapproprier un texte fondamental de notre littérature ; certains, comme votre serviteur, y apprendront ce qu’ils n’ont pas su apprendre à l’école ; d’autres nous feront profiter de leurs éruditions et de leurs compétences ; tous, nous l’espérons, s’y rendront un moment, histoire de voir ce qu’il y a de nouveau au Quán Làng Văn .

Ainsi le GM ne vous invite pas qu’aux festins de la (bonne) chère -non, pas « chair »- mais après tout, le « bầu rượu túi thơ » nous a bien laissé des vers inoubliables, alors vidons (virtuellement) nos verres : ta hãy cạn chén ly bôi

 

                                                                                                            Nguyễn bá Đàm(64).

Parler de sexe sans le dire

Poésie

Un poème de Nguyen thê Tài : Cho bạn xưa

Festival HUE 2004

Le 20 Juin 2004, le festival de Hué 2004 ferme ses portes après 9 jours d’activités intensives. La cérémonie de clôture s’est déroulée avec éclat sur la Rivière de Parfums, au débarcadère Luong Nghi Dinh.

Pendant que sur la scène centrale, près d’un millier d’étudiants exécutent la musique de la cour royale, trois montgolfières montent dans les airs au milieu d’une forêt de lampions. Sur la scène flottante de 600m² construite au dessus de 5 grandes embarcations, pendant plus d’une heure, 10 spectacles se succèdent.

La soirée s’est terminée avec le feu d’artifice et l’arrivée sur les eaux de la Rivière des Parfums des dizaines de milliers de lampions flottants. La population de Hué qui s’est amassée sur les berges a pu assister à un brillant spectacle.

Le but des organisateurs est d’honorer la culture de Hué et par là, celle du Vietnam. La musique de la cour de Hué, les musiques traditionnelles et le folklore sont mis en valeur par des artistes de talents. De nombreuses initiatives ont été lancées. Citons en particulier la remise à l’actualité de la fête Nam Giao, (culte du ciel et de la terre). Les objectifs culturels sont considérés comme atteints.

Voici quelques photos inédites prises par un journaliste (cousin de Vinh Tung).

Les Jeux Olympiques, vous aimez ?

L' été 2004 marquera un moment charnière de l'histoire des Jeux olympiques. Pour la première fois depuis 1896, date des premières Olympiades modernes instaurées par Pierre de Coubertin, les Jeux seront présentés à Athènes, en Grèce, un vrai retour au berceau originel.

             Le baron Pierre de Coubertin et les symboles olympiques

Jeux olympiques 2004  Athènes

Le Viet Nam répond :  Présent !

                                                                                                                        Alexis B.

Histoires drôles ou belles

Avant de prendre le volant, vous pouvez consulter ces publicités (véridiques)... mais dîtes-vous bien qu'elles ne sont plus d'actualité.

Leçon pour commerçant : un bon vendeur

Pour vous donner des idées si vous revenez au pays : Histoire de bouffe

Les Yeux sont bien le miroir de l'âme (envoi de Lâm chi Hiêu, 62).

Le Livre de Souvenirs

Les 5 textes à lire sur le "Temps des Flamboyants" en ligne ce mois-ci :

§         Mes cours du jour et mes cours du soir (Philippe Thibaut) ...................................23

§         Le temps des flamboyants 1947 – 1954 (Pierre de Menditte) ..............................53

§         Souvenirs, souvenirs 1954-1958 (Trần Văn Quyền) ............................................55

§         Nhớ về Trịnh Công Sơn (Bùi Thế Khải) ............................................................94

§         La balle au prisonnier (Trần Ngân Diệp)  ..........................................................113

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