EDITO
En ce
début mai, et à quelques jours près il y a 40 ans, ceux d’entre nous vivant
à l’étranger ont cru qu’ils ne reverraient jamais notre pays natal. En
tout cas, je l’ai personnellement cru. Ceux des JJR y étant alors restés
n’ont certes pas eu le temps de penser à nous, car devant faire face pendant
de longues années à des difficultés incommensurables et de toute nature.
Depuis,
le temps a fait son œuvre, et, quatre décennies après, beaucoup d’anciens
JJR et MC vont de temps à autre au Viet Nam pour y passer des vacances, et
même, pour certains, s’y sont ré-installés, y ont acheté des habitations,
et pour les JJR, y ont pris femme.
A
l’inverse, d’autres JJR restés initialement, de leur côté, ont voulu et ont
heureusement pu quitter volontairement Saigon. Destins croisés de camarades
de lycée, qui se sont heureusement et pour la plupart retrouvés depuis, très
souvent grâce à notre amicale. Permanence merveilleuse de l’amitié…
Mais
tous gardent quelque part dans leur cœur la vision d’antan d’un pays à ce
moment là ravagé par la guerre mais portant déjà en lui des promesses
potentielles.
Quarante
ans après, la population vietnamienne a triplé, et la jeune génération ne
jure que par la réussite matérielle, seul exutoire possible à une volonté
de jouir de la totalité de leur vie, qui n’est pas seulement matérielle,
volonté encore bridée localement par nombre d’interdits de toute nature.
Mais là
encore, le temps fera son œuvre, car plus rien n’est immuable en ce monde de
plus en plus changeant, et, pour l’Asie du Sud Est, de plus en chargé
d’électricité et de bruits de botte.
Je ne
perdrais pas à parier que dans une décennie, nous ne reconnaîtrons plus du
tout le Vietnam actuel et que nos enfants pourront ne plus considérer notre
pays natal comme un pays qui leur est étranger, comme ils le font
actuellement. Je l’espère, du moins.
Chào các bạn, và hẹn gặp lại tháng sau.
Georges Nguyễn Cao Đức
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Maison sur un bras de rivière, Bến Tre, Việt Nam
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