UNE RETOMBEE EN ENFANCE

Navigant comme beaucoup sur le réseau des réseaux, je suis tombé inopinément sur une page d’un site d’enchères où, ô miracle, sont représentés par dizaines des papiers de l’époque de notre adolescence au Viet Nam. Mon enfance revenue d’un seul coup, je me suis dit qu’il fallait remonter le temps en votre compagnie. Et tout d’abord les années en classes secondaires, où l’obtention d’une distinction mensuelle était toujours appréciée (surtout des parents !), en particulier pour la meilleure d’entre elles : le tableau d’honneur.

Tableau d’honneur, Chasseloup-Laubat, 1954

Cela étant, le degré suivant, bien que moins prestigieux, n’en recueillait pas moins les suffrages de tous ; il s’agit bien sûr du satisfecit.

Satisfecit, Centre scolaire Jauréguiberry, 1953

Dieu Merci, nos parents veillaient sur nous et s’effrayaient de tout petit bobo éventuel, avec le concours du lycée : il nous fallait (vous en souvenez-vous ?) une assurance annuelle obligatoire, qui était souvent bilingue (français-vietnamien) jusque dans les années 60, ce qui est le cas ci-dessous

Certificat d’assurance bilingue, Saigon, années 60

Nos parent nous protégeaient certes, mais s’engageaient encore plus : ils se regroupaient – à cette époque comme de nos jours – en association des parents d’élèves, la plus connue pour nous étant celle regroupant les parents d’élèves de la bien connue trilogie des 3 lycées dont vous reconnaissez les noms :

Carte de parent d’élève, 1951

Mais les études, cela mène à…à…mais aux examens, bien sûr ! Et au premier " grand " examen : le fameux BEPC, brevet d’études du 1er cycle, à la fin de la 3è. Fermez les yeux, et imaginez la peur que nous ressentions dès l’inscription à cet examen se traduisant par le certificat ci-dessous.

Inscription au BEPC, Dalat, 1967

Une fois le BEPC dans la poche, direction le bac, ce fameux baccalauréat qui était - et qui est encore - le sésame pour entrer à l’Université, que ce soit à Saigon ou à l’étranger. Imaginez de nouveau notre appréhension dès le moment de l’inscription officielle au " bac " français passé à Saigon, avec l’attestation y afférente ci-après.

Inscription au baccalauréat, Saigon, 1968

Cette carte d’inscription (jointe à la présentation d’une pièce d’identité) permettait d’entrer dans la salle d’examen.

Allélouia, nous l’avons, ce maudit bachot ! Mais la guerre, sournoise, était déjà là, avec la menace de la conscription puis du départ à l’armée. Il nous fallait donc avoir en permanence les papiers de situation militaire en ordre pour pouvoir se promener, en cas de contrôle de police, avec le camp de regroupement de conscrits de Quang Trung (banlieue de Saigon) en guise de punition si les papiers ci-dessous n’étaient pas en règle. Ah, quel drame c’eût été pour nos parents en l’absence de ces papiers !

Attestation de situation de conscription

L’espoir d’études à l’étranger (bien souvent en France ou en pays francophone, à l’époque) était réel, mais parfois les ressources familiales étaient " justes ". Rien ne nous interdisait de croire à la chance, et de jouer à la… loterie nationale (de nos jours, ce serait le loto, tout se modernise) avec ces quelques billets achetés à un petit vendeur de rue.

 

Oui mais, finalement, nous sommes en 2005, parents nous-mêmes désormais sinon grand-parents, dans un pays de l‘Union Européenne, ou en Amérique du Nord. Fin du retour en enfance… oui mais, quel voyage merveilleux dans le passé, n’est-ce-pas ?

Georges NGUYEN CAO DUC

NDLR : Toutes les photos proviennent du site d’enchères E Bay sur Internet, que nous remercions.

Note du Webmaster : Pour compléter la panoplie, il y a aussi un carton au dessus du Tableau d'honneur. Votre serviteur l'a retrouvé dans ses tiroirs, et n'a pas l'intention de le mettre aux enchères