Khai bút                                                   Nguyễn bá Đàm

 

 

Mồng mộtTết, khai bút nhớ về quê cha đất tổ… 

Cách Hà Nội hai mươi lăm cây số phiá tây bắc có làng Dương Liễu cạnh làng Phùng đó là nơi chôn nhau cắt rốn của tôi, tuy mẹ cho ra đời ở thủ đô Hà Nội.

 

Mỗi lần tôi có dịp về thăm quê hương, bao giờ tôi cũng nhớ về thăm làng có người em gái đã sinh trưởng ở nơi đó và mặc dầu bao nhiêu năm chinh chiến, bao nhiêu năm xa cách gia đình, em gái tôi vẫn đã thắt lưng buộc bụng lấy chồng sinh con tại chỗ. Hơn nữa, mồ mả bên nội tôi vẫn còn nguyên vẹn ngoài đồng cũng là công của cô em gái tôi.

 

Từ nơi ruộng đồng ấy,  tôi cùng người anh cả đã được vui sống vài mùa hè và vài dịp Tết Nguyên Đán,  tuy ao bùn aó rách nhưng biết bao hạnh phúc hôm nay từ tâm tư vươn lên.

 

Hỡi người bạn hữu, cho tôi chia xẻ với người !

 

 

                                   Thủ đô Hà Nội, trích bản đồ      International Travel Maps.

                                                                 

 

 

                                      Mồ mả tổ tiên ngoài đồng, ảnh chụp năm 1995 .

                       

 

 

 

Je vais maintenant poursuivre dans la langue de Molière, autant par souci d’authenticité que par désir de partager avec tout un chacun. En effet, cette langue nous a été enseignée et elle nous a façonnés de telle sorte que nous portons en notre sein cette double culture, celle de l’amour et celle de la raison, sans pouvoir dire pour autant à quel moment exact si c’est l’être d’amour ou l’être de raison qui s’exprime.

 

 

 

Pour se rendre à Dương Liễu, il fallait prendre un car ( où, exactement à Hanoï, je ne me rappelle plus, j’avais sept ans !) ; aujourd’hui, je sais parfaitement car je suis devenu grand ;  alors aujourd’hui, vous prenez un car à la hauteur du Phố Cửa Nam ( la Porte Sud ) dans la grande rue Nguyễn thái Học ; ce car vous dépose à Phùng, juste à côté de Dương Liễu que vous ralliez par le Đê ( très grande digue rouge, qui protège les villages des crues annuelles du Fleuve Rouge ; déjà, vous le savez, Thái Thanh chantait : « quê hương tôi có con sông đào sinh xắn…

có con đê dài ngây ngất… »). Le cours d’eau, en ce qui concerne Dương Liễu, c’est le sông Đáy, le đê, c’est celui qui va jusqu’ à Sơn Tây. La prochaine fois que vous irez (re)visiter la pagode du Maître et la pagode Tây Phương, vous saurez que vous êtes dans les décors de ce numéro de retour vers le futur.

 

 

 

 

        Le Đê , longue digue élevée pour lutter contre les crues annuelles du fleuve Rouge.

 

 

 

 

Donc, je vous invite à vivre une scène pastorale, l’été 1952, aux côtés de mon grand- père, Monsieur Nguyễn bá Luận : nous assistons à l’assèchement d’un étang et au partage des poissons (tát ao bắt cá). Mon grand-père tout de blanc vêtu est installé dans un grand fauteuil en rotin, en surplomb du ponton de l’étang central (le domaine en compte trois) vient de donner l’ordre aux hommes de descendre dans l’étang pratiquement asséché : la cueillette des poissons va commencer ! Il faut dire que les hommes (et quelques jeunes filles) ont bien travaillé : depuis l’aube, ils se sont relayés pour transvaser l’eau de l’étang central dans l’étang extérieur ( car ayant ses rives à l’extérieur du domaine : ao ngoài ) au moyen d’une sorte de pelle confectionnée avec une grande palme de cocotier ou d’aréquier et suspendue à une potence de bambou ; la même technique est utilisée pour irriguer les rizières ( tát nước), l’étang central communique bien entendu avec l’étang extérieur par un canal enterré et possédant à mi-parcours un piège à poissons des plus ingénieux .

Si vous êtes sages, je vous inviterai une prochaine fois à venir avec moi « prélever » le/s poisson/s emprisonné/s, suite à une tornade estivale fréquente dans cette région. La surface des deux pièces d’eau étant inégale, le flux et le reflux de l’eau provoquent du courant et l’oxygénation de l’eau varie surtout après une pluie abondante ; le résultat fait que le poisson qui n’est pas pris d’humeur vagabonde comme on pourrait le croire mais par une sorte de  nécessité vitale vient à se déplacer, et ironie du sort, finit sa course dans ce piège.

Tout est pensé, même le tamis en chanvre disposé en filet pour empêcher le poisson de se faire embarquer par l’eau évacuée à coup de gầu (instrument fabriqué avec une grande palme d’aréquier).

Vois-tu, mon ami, les poissons affolés commencent à donner de grands coups de nageoires : l’eau commence à leur manquer et certains effectuent des bonds aussi spectaculaires que vains hors de l’eau car ils ne font que confirmer leur présence à cette armée de pêcheurs-ramasseurs, qui, pantalon et chemise retroussés, se rue à l’assaut de la vase maintenant de plus en plus visible au fur et à mesure que l’eau s’épuise : n’as-tu pas envie d’y aller toi-aussi ?

Armé chacun d’un engin aux formes délicieuses, une sorte de nasse en bambou tressé, le pêcheur se livre à un ramassage frénétique : il glisse dans la boue, s’étale pour notre plus grande joie, emprisonne le poisson dans sa nasse, introduit tout son bras par l’orifice supérieur, saisit sa prise et  arbore enfin sa capture, le visage englué de vase.

 Voici un cá chép ( ? carpe ) qui cherche son oxygène, la gueule ouverte et le barbillon baveux, un cá sộp ( cá lốc, équivalent sud vietnamien ) cherche en vain de s’envaser à grands coups de tête, le cá trê ( poisson chat ) est plus vigoureux et se tortille dans tous les sens pour s’échapper : tout ce monde lutte, entassé dans un magnifique panier tressé dont on a tapissé le fond d’une couche de lentilles d’eau ( bèo), tout cela à l’ombre et sous bonne garde : la nôtre . De mémoire de pêcheur et « « aux gaules bien lancées, le nombre de prises n’attend point celui des années », j’avais sept ans et toi mon ami tu n’avais guère plus de poils au menton , je n’avais jamais eu de pareils monstres au bout de ma ligne .

Depuis le début, nous sommes assis sagement comme au spectacle et, n’est-ce pas, ce n’était pas l’envie qui nous manquait de partir à l’assaut, surtout que la vase a toujours eu une féerique attirance pour le monde de l’enfance. Voilà que, surgissant je ne sais d’où, une horde d’enfants du village et dont certains n’avaient même pas notre âge (hein !) envahit le terrain de combat sous nos yeux stupéfaits et dépités : on avait donné le signal du hôi ( cette pratique existe sous tous les cieux  et confirme l’universalité des activités humaines, elle se nomme grapillage ).

 

             

Trảỉ qua hàng ngàn năm lịch sử các thế hệ người Dương Liễu vẫn cần cù lao động, thông minh ham học, có kinh nghiệm thâm canh cây lúa, cây dâu, cây miá, có nhiều nghề truyền thống như : chăn tằm, ươm tơ, dệt vải, kéo mật, thợ mộc, thợ sơn, đánh cá… Đoàn kết giúp nhau khi khó khăn hoạn nạn, lúc địch họa thiên tai để bảo vệ cuộc sống, xây dựng làng xã, góp phần tạo nên nền văn hóa Vinh Quang cuả vùng Việt cổ ven sông Đáy.

              Dương Liễu có trên ba mươi dòng họ lớn nhỏ, các dòng họ đã sớm biết tầm sư học đạo để nâng cao dân trí, đạo lý làm người, chỉ kể từ năm 1623 đến năm 1943 đã có chín mươi lăm người có học vị từ tú tài đến tiến sĩ, nhiều người được giữ các chức vụ quan trọng trong hệ thống   chính quyền phong kiến đương thời. Điển hình là các cụ :

               Nguyễn Phi Kiến đỗ tiến sĩ năm 1623

               Phí Đăng Nhậm đỗ tiến sĩ năm 1661

               Nguyễn Danh Dự đỗ tiến sĩ năm 1685.

Và cuối triều Nguyễn là cụ Nguyễn Bá Luận được phong sắc « Đại học sĩ Hồng Lô Tự ».

                 

 

Extrait du Quy Ước Làng Văn Hóa Xã Dương Liễu Huyện Hoài Đức 1996

 

 

                         Enfants de Dương Liễu photographiés en 1998.

 

 

             

                 Quelques dessins tracés de mémoire pour illustrer mes propos.

 

 

 

 

 

 L’entrée principale de notre école française de Hanoï, l’annexe Rolland, pas très loin du lac Hoàn Kiếm. Đắc et Kỳ se souviendront que nous entrions dans l’école par une porte latérale délicieusement embaumée chaque matin par l’odeur du Phở qu’un marchand servait aux grandes personnes qui prenaient leur petit déjeuner avant d’aller au travail.                                                   Photo de 1995.        

 

 

  

 

 

 

 

 

 

Le préau de notre école ; notre classe de CE1 était au fond, à l’autre bout du préau. Malheureusement, ce préau n’existe plus de nos jours, si je m’en tiens aux explications de la Directrice d’alors, il aurait été démonté pour construire d’autres salles de classe ; depuis 1995, je ne suis pas retourné sur les lieux pour vérifier. J’avoue que cela me fait de la peine.

 

 

 

 

 

 

                  C’est la plus vieille photo que j’ai gardée dans mes valises : le CE1 de 1953 /1954.

Il me semble reconnaître Khôi, Cung. Đắc et Kỳ sont repérés, madame ( ?) notre maîtresse, aidez-moi SVP,

Un camarade en gilet qui habitait dans la rue des Tambours, hàng Trống, dont les parents tenaient une pharmacie : son/ton nom ? Je passais toujours devant pour aller à l’école, j’habitais la rue du Chanvre (hàng Gai). Qui est encore sur la photo ?

 

 

 

 

Vaincu par tant d’injustice, ce n’est pas parce que nous sommes élèves d’une école française de Hanoï, que nous n’avons pas le droit d’aller patauger dans la boue avec nos congénères de la campagne, mais n’est-ce pas le poids de nos mères qui a pesé sur cette injuste interdiction, mon grand- père ne voulant surtout pas avoir de reproches de sa bru au retour, vaincu et dépité donc je te fais signe à toi mon ami, après autorisation du seigneur des lieux, de laisser les grands à leurs sombres calculs pour le partage compliqué mais sûrement très équitable des poissons, je t’invite donc à aller prélever quelques tiges de miá ngọt (canne à sucre). Nous les mastiquerons tout en pensant à autre chose, par exemple et pourquoi pas à une prochaine exploration des fonds vaseux laissés au morsures du soleil après le massacre ; il faut le décider vite, mon ami, car la moindre pluie d’été aura vite fait d’effacer toutes les traces de ces crimes.

Quand, bien plus tard, on nous a enseigné Jean Jacques Rousseau avec son l’homme- est- bon- par- nature…il y a de quoi méditer sur notre éducation et d’être encore plus reconnaissants envers nos parents, n’est-ce pas ? Et comment il se nomme notre cher lycée : Dieu est ironique ( cette réflexion n’engage que moi, et contrairement au projet audacieux de patauger en cachette dans la boue, je ne veux pas t’impliquer ce coup-ci, c’est trop grave !

                                 

                                  

 

 

 

 

                       Qu’est-ce que ce délire, ce mélange présent-passé, me direz-vous .

 

 

 

 

 

Non, je suis retourné plusieurs fois sur ces lieux ; il n’y a plus d’étangs ni de domaine, mon grand-père repose dans la rizière ; le đê est toujours là, la rivière Đáy aussi…Je vous invite à m’y rejoindre, le temps de cette lecture d’abord, mais ensuite, lors d’un autre voyage aussi, celui que nous faisons tous en ces moments de fêtes, le voyage intérieur, vers nos racines, et pour finir, peut-être, lors d’un prochain séjour en terre vietnamienne.

 

 

 

Pendant que nous étions du côté du lac Hoàn Kiếm , d’autres n’étaient pas loin , au lycée Albert Sarrault ; nous ne nous connaissions pas, ce sera pour plus tard, dans le Sud. Je crois reconnaître notre cher Président Nguyễn Tất Cường, assis au premier rang, le quatrième de gauche à droite et

Nguyễn Thế Vinh, ( em Bắc, em Major dixit M.Tissier), debout au dernier rang , le cinquième de droite à gauche.

Ils étaient déjà avec des filles, les veinards. La maîtresse est une Vietnamienne et me fait penser à notre maîtresse de CP, Madame Bảo, vietnamienne aussi et maman d’un camarade qui était dans la classe. Je ne sais plus son nom. 

 

 

 

J’arrête ce long bavardage et le reprendrai avec vous, une autre fois, si vous le voulez bien. Merci à tous ceux qui m’ont permis de donner des noms et des images à mon rêve éveillé.